Je me souviendrai toujours de la lampe Aïda de ma grand-mère. Malgré les coups de boutoirs répétés de toute la famille, elle nous éclaira jusqu’à l’âge adulte et même au-delà ! Je n’oublie pas non mon premier ordinateur : des années durant, il m’accompagna. Qu’en est-il de mon premier GSM ? Je le gardai trois ans durant. Une prouesse.  Car déjà, mon entourage me faisait remarquer qu’il ressemblait à un objet d’outre-tombe. Je résistai. Pour une raison fort simple : il remplissait encore bel et bien ses fonctions. Pourquoi diable le changer ? Sous la pression populaire, je me résolus à me conformer à la tendance : changer pour changer, mais changer quand même.

 

Notre achat des technologies n’est plus rationnel 

Les fabricants d’objets connectés l’ont compris. Tous les six mois en moyenne, ils nous livrent une nouvelle version. Et nous, tels des enfants que nous sommes finalement, nous ruons vers ces versions nouvelles qui nous apportent en tout et pour tout une petite nouveauté. Sans plus. Comment expliquer cela ? La technologie est devenue, avant tout, un signe d’appartenance à une société connectée. Un signe qui, à force de circulation dans notre environnement, devient un symbole. Symbole de haute technicité, symbole d’hyperbranché, donc de personne singulière. De personnalité, en fait. Pourtant, les quelques nouvelles fonctions intégrées dans la dernière version de notre acquisition ne changera pas notre vie. Qu’importe ! Nous sommes satisfaits, dans ce cadre établi de la consommation qu’est notre univers actuel. En fait, notre achat de la technologie n’est plus rationnel, même si d’aucuns vous diront qu’il ne l’a jamais été. Quand il n’est pas compulsif, il est émotionnel. Et le marketing de l’émotion est devenu l’outil privilégié des fabricants de technologies. Apple, Samsung, Bose et bien d’autres en jouent. A tue-tête et à en vivre. Observez le consommateur à la sortie d’un nouvel iPhone. Son discours est simple : avez-vous remarqué sa finesse et sa beauté ? Telles sont les remarques qui fusent. Si par … chance l’objet remplit sa fonction première, en l’occurrence téléphoner, tant mieux.
A ce rythme, le jeu de l’émotion a de beaux jours devant lui.  Nous avons beau dénoncer l’obsolescence programmée, elle nous est servie à la demande. De ce point de vue, trop facile de dénoncer cette tendance à l’évanescence des innovations que j’ai moult fois condamnée ici même. Le problème est que nous vivons dans un univers où les ressources sont loin d’être intarissables. La responsabilité commande que nous modérions notre consommation.
Pour sortir de cette logique d’obsolescence programmée, certains ont pris le parti de se révolter. C’est ce que font les initiateurs du projet ARA. Il s’agit d’un Smartphone conçu dans une logique modulable. L’utilisateur pourra choisir chacun des composants de son appareil sur le site du vendeur. Au cœur de cette idée, une vingtaine de partenaires aux côté d’ATAP (Advanced Technology and Projets), division de Google. Derrière ce programme, la volonté affichée de donner aux utilisateurs la possibilité de faire évoluer leur Smartphone en fonction de la vétusté de ses composants.
Bingo ? Trop rationnel. Trop rationnel pour mobiliser les mordus de nouvelles version prêts à faire la queue pour se procurer un nouvel objet dont la seule valeur ajoutée relève de la symbolique. De ce point de vue là, l’avenir de l’obsolescence programmée est assuré. A vous consommateur, de banquer.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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