En dépit des efforts qu’il a entrepris pour redresser sa solvabilité, l’assureur mutualiste agricole est toujours dans le viseur des agences de notation. En cause, la décision, pourtant légale, de Groupama de ne pas payer le coupon sur des emprunts obligataires.

Groupama n’a sans doute pas anticipé toutes les conséquences du non-paiement du coupon d’une obligation, prévu le 22 octobre. Suite à cette annonce, l’agence de notation Fitch a immédiatement dégradé de deux crans la note de l’assureur. Ainsi, de « BBB », celle-ci est abaissée à « BB+ » pour la solidité financière de Groupama SA, et de « BBB- » à « BB » pour sa dette de long terme. Les deux notes sont assorties d’une perspective négative, ce qui signifie qu’elles sont susceptibles d’être de nouveau abaissées à court terme.

Standard & Poor’s a emboîté le pas à Fitch, en décidant à son tour de dégrader d’un cran la note de l’assureur à « BB- », contre « BB », toujours assortie d’une perspective négative. Avec cette nouvelle note, l’assureur est maintenu dans la catégorie « spéculative », mais une dégradation de deux crans l’aurait envoyé dans la catégorie « très spéculative ».

Le péché de Groupama pour mériter cette double sanction, l’annonce par son directeur général de ne pas honorer le coupon sur des titres super-subordonnés à durée indéterminée (TSS) – une sorte d’obligation perpétuelle. Thierry Martel a, en effet, décidé que ce coupon de 63 M d’euros, qui aurait dû être versé le 22 octobre, sera affecté au renforcement des fonds propres du groupe.

Pour Fitch, cette décision de « ne pas payer le coupon de sa dette hybride pourrait avoir un effet négatif sur la réputation du groupe ». Idem pour Standard & Poor’s qui estime que la décision devrait « affecter la flexibilité financière de Groupama, même si cela est partiellement compensé par l’impact positif relativement modeste sur la liquidité et sur la marge de solvabilité ». Même si l’assureur exerce une option qui était contractuellement prévue, le fait d’y avoir recours « augmente l’incertitude sur la volonté et la capacité de Groupama de continuer de payer les coupons des autres titres, notamment les échéances du 29 octobre et du 6 juillet 2013 », ajoute l’agence de notation.

Pour le directeur général de Groupama SA, « après avoir demandé des efforts à nos partenaires mutualistes et aux salariés du groupe, il nous paraissait assez légitime de mettre à contribution nos partenaires financiers ». « Une démarche éthique » que ne partagent, apparemment, pas les agences de notation.

Mohamed Fadili ©CAPA Conseil

Crédit : FreeDigitalPhotos.net

Amae Martin
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