Un Livret d’épargne qui tient la route, pouvait-on lire ces jours derniers, à propos de la nouvelle offre du groupe Renault, première du genre pour un constructeur automobile français. Portée par RCI Banque, la filiale de la firme au losange spécialisée dans les services financiers, elle vient, quelque part, combler un vide. Là où les fabricants automobiles allemands font feu de tout bois en distribuant des produits d’épargne à tout va, avec en prime des milliards d’euros d’encours, une vingtaine plus précisément pour Volkswagen, notamment, nos écuries font figure de financiers en herbe. Désormais, la donne devrait changer. Qu’on se le dise.

Les fabricants automobiles français vont peser sur le marché national de l’épargne. Comme argument de vente, ZestO, c’est le nom de cette offre de Renault, va proposer un taux attractif de 5,5 % pendant trois mois pour toute nouvelle souscription effectuée avant le 31 mars ; à condition de conserver le livret ouvert jusqu’à la fin de l’année. Des méthodes commerciales déjà appliquées sur le marché notamment par un certain opérateur aux couleurs orangées. Mais si, vous avez trouvé. Dans les deux cas, l’objectif est de recruter à tout prix, sur un marché somme toute marqué par une offre pléthorique. Et un environnement économique incertain.

Les trois mois passés, le taux de rémunération de notre nouvel entrant devrait passer à 2,80 % Pour un plafond de 75 000 euros. Du coup, il faudra ferrailler ferme face à la concurrence, surtout celle des acteurs présents sur le Web, pour se différencier.

A l’instar du marché du mobile où Free entend endosser le costume d’acteur alternatif, RCI Banque pourrait-il jouer le rôle de trouble-fête sur celui de l’épargne ? Difficile dans un premier temps. Sa feuille de route, le reconnaît, qui prévoit de glaner 500 M d’euros. Un montant qui devrait être multiplié par cinq, un quinquennat plus tard. Ambitieux ? Réaliste, vous dira-t-on du côté de Renault qui voit en cette épargne une manne pour soutenir son activité de financement automobile. Quand on sait la guerre que se livrent les différents acteurs de ce marché, on est en droit de se demander où ZestO ira puiser cette épargne. Les Mutuelles du Gema entendent garder l’offensive qui leur a permis d’afficher de belles couleurs en 2011. La famille FFSA n’entend pas perdre du terrain davantage. Résultat, il faudra forcément puiser dans le portefeuille de la concurrence pour se faire une place sous le soleil de l’épargne. Un soleil qui ne brille plus comme par le passé. On le sait, les clients vont de plus en plus vers le Livret A, notamment pour les raisons de sécurité.

Si l’on est en devoir de souhaiter objectivement bon vent à tout nouvel acteur, il est tout à fait normal de se poser la question de savoir si le marché de l’épargne français peut encore accueillir toutes les initiatives. Des expériences récentes ont (dé)montré que des ilots de marché pouvaient être conquis, à coup d’ingéniosité marketing et de qualité de service. RCI Banque, qui a choisi le biais du Net, devra toutefois être vigilant sur ce terrain de la relation client. Il fait de plus en plus la différence dans un univers concurrentiel. Même si le facteur prix est loin d’être neutre. Pour les uns comme pour les autres, ces précautions suffiront-ils à leur garantir la pérennité ? Pas sûr.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Amae Martin
A propos de l'auteur

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