Après la CSG qui ne cesse de flamber, le pouvoir d’achat des retraités semble une fois encore mis à mal par la réforme du reste à charge zéro. Disons-le tout de go ! il ne s’agit pas ici de pleurer sur une frange de la population, même si elle a fait la guerre pour sauvegarder nos intérêts ou encore, elle s’est longtemps privée pour être à mesure de nous offrir des lendemains meilleurs. Nos dignes aînés, à coup d’oukases, se paupérisent de plus en plus. Mais avant de poser un regard critique sur cette frange de la population qui se sent malmenée à chaque législation et ses nouvelles hordes de mesures. Les négociations en date des entreprises par le Gouvernement sur le Reste à charge Zéro (RAC 0) contribueraient à léser davantage nos moins jeunes. C’est notamment le cas quand ils permettent de diminuer les prix de certains équipements en tiers payant complexe (prothèse dentaires, auditives et lunettes). « Cela peut sembler positif, mais le remboursement intégral par les complémentaires santé entraînera une hausse des cotisations dès 2019 », estime Jean Derycke un ancien courtier, spécialiste du domaine et l’un des fondateurs de la mutuelle Salutem.
Concrètement, ce dernier estime que les cotisations d’un contrat de complémentaire santé vont augmenter dès l’an prochain sachant qu’il est établi est établi sur l’estimation des remboursements qui seront effectués. C’est pourquoi chaque type de contrat couvre une typologie de la population (retraités, indépendants, salariés d’entreprises). En clair, pas de mutualisation entre les différents contrats. Corollaire, les retraités sont ceux qui payent le plus. Leurs cotisations sont susceptibles de flamber le plus sachant qu’ils sont les plus susceptibles d’avoir besoin de prothèses dentaires, de prothèses auditives ou de lunettes à leur âge.
Le fondateur de Salutem va plus loin et estime que « La prise en charge intégrale des prothèses dentaires et auditives est déjà critiquable mais la réforme devient contre- productive quand elle impose le remboursement des lunettes. » estime Jean Derycke. Il constate que tous les retraités portent des lunettes et une enquête de la Dress de 2014 lui confère gain de cause puisqu’après 50 ans, 9 Français sur 10 portent des lunettes. Et le porteur de risque est sûr de rembourser une paire de lunettes tous les deux ou trois ans. Ainsi, il ajoute au remboursement prévu contractuellement, sa marge, ses frais et les taxes. Finalement pour 300€ de remboursement, un retraité aura payé à minima 500€ de cotisations d’assurance. Il coûte moins cher de payer soi-même sa paire de lunettes que de la faire prendre en charge par sa mutuelle. Conséquence, « Pour les retraités, la réforme du reste à charge zéro conduit à une augmentation des cotisations pour des garanties optiques visiblement inefficaces » ajoute Jean Derycke.
Certes certains retraités ne sont pas à plaindre. Mais combien parmi eux ont-ils droit à une retraite chapeau ? clairement, le zéro reste à charge contribue, au corps défendant des porteurs de risques à une inflation des cotisations d’une population sans couverture prise en charge par l’entreprise. Ce ne serait pas à l’Etat d’organiser cette prise en charge à travers un réel Reste à charge Zéro qui plus est relève de la promesse de campagne d’Emmanuel Macron ?
Mais je vous connais, vous n’avez pas oublié l’ironie de Charles Pasqua à propos des promesses. Elle reste manifestement valable ici, même pour les retraités que nous deviendrons tous un jour ! Il est vrai, son parcours professionnel ne l’expose pas à de telles préoccupation.
