Selon une récente enquête de Syntec Numérique, la majorité des Français se désintéresserait du paiement sans contact et le considère même inutile. Pourtant, les banques en font un levier de leur stratégie de diversification des modes de paiement.

Selon cette enquête réalisée par Odoxa pour le compte de Syntec Numérique, 44 % des Français ont connaissance de la fonction de paiement sans contact de leur carte bancaire ; cependant seulement 15 % l’ont déjà utilisée. 29 %  se privent de cette option alors qu’ils en sont au courant tandis que 19 % ignorent encore si leur carte intègre cet outil.

Plus inquiétant pour cette démarche qui vise à faciliter le paiement de petits montants quotidiens, 57 % des personnes interrogées la trouvent inutile. Un jugement largement partagé par toutes les couches interrogées. Pour autant, près de la moitié des ruraux, n’ayant pas autant de distributeurs et / ou de possibilités de paiements que les urbains, estime le paiement sans contact utile, au même titre que les cadres (42 %) et les jeunes actifs âgés de 25 à 34 ans (45 %). Or, comme pour l’ensemble des Français, près d’une personne sur deux parmi ces trois catégories potentiellement intéressées ignore aujourd’hui si sa carte dispose de cette fonction.

Quel commentaire suscite de tels résultats du côté de Syntec Numérique ? Selon Bruno Vanryb, Administrateur de cet organisme, « ces résultats sont assez surprenants concernant une innovation majeure qui simplifie considérablement les petites transactions quotidiennes effectuées par les Français dans le cadre de leurs achats de proximité. Il apparait clairement à la lecture de ces résultats que l’adoption d’une évolution technologique majeure n’est jamais acquise par avance, surtout lorsqu’elle touche directement au porte-monnaie. Bien sûr, les raisons de cette désaffection sont diverses et dépendent aussi de l’âge et de la catégorie professionnelle des sondés mais il n’en reste pas moins vrai que l’intégration d’une puce de paiement sans contact dans la majorité des cartes de crédit n’est pas perçue comme une évolution suffisamment intéressante par nos concitoyens. Cela démontre que l’innovation pour l’innovation, que ce soit dans le numérique ou ailleurs, ne garantit pas l’adoption par les utilisateurs de nouvelles habitudes qui bousculent leurs usages ».

Parmi les raisons mis à l’index, figure la méconnaissance de la fonction de paiement sans contact par les personnes qui ne l’utilisent pas (43 %). Le manque d’habitude arrive en deuxième position avec 21 %, suivi du défaut d’information sur l’usage de cette technologie (9 %). Au final, 73 % des non-utilisateurs mettent en avant une absence d’information et de communication sur l’utilité de cette option. En revanche, les personnes mettant en avant les blocages techniques pour expliquer la non-exploitation de cette fonction sont moins nombreuses : 14 % ont peur des bugs et 9 % dénoncent les montants plafonnés trop faibles, à la différence de ce qui se pratique outre-Atlantique.

Selon Bruno Vanryb, « cela ne veut pas dire que le paiement sans contact n’a pas d’avenir, bien au contraire. Il passe forcément par un travail de communication, d’explication et une courbe d’apprentissage, pour le faire entrer dans notre quotidien. Les grands industriels du numérique le savent et la généralisation des Smartphones ou des objets connectés se fait grâce à une communication très active et très en amont. Le paiement sans contact ayant été rajouté de façon automatique sur des cartes de crédit par la plupart des banques qui n’ont pas forcément l’habitude de lancer ce type de projets peut expliquer le déficit de connaissance et d’adoption. C’est donc à elles de se réunir maintenant pour travailler cet aspect en répliquant dans la manière de communiquer et de diffuser les méthodes marketing déjà éprouvées dans le secteur des nouvelles technologies. C’est un prix somme toute très modéré à payer pour donner aux Français l’envie de changer leurs habitudes de paiement tout en se sentant en pleine sécurité ».

 

Méthodologie :

Cette enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de Français recrutés par téléphone et interrogés par Internet les 15 et 16 janvier 2015. Il s’agit d’un panel de 1 008 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, profession du chef de famille après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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