Longtemps grande vedette de l’informatique dans l’assurance et la banque, le grand système s’est vu voler la vedette par les technologies front-end. Du coup, une interrogation s’impose en ces heures de transformation : participe-t-il de la stratégie digitale des entreprises ou est-il relégué au musée de l’informatique par les autres couches du système d’information ?

La véritable rupture dans l’univers informatique est intervenue, selon moi, avec l’avènement des composants de mobilité, modèle achevé de la miniaturisation. Car tablettes et autres Smartphones poussent les entreprises, en l’occurrence les assurances et les banques, à revoir leur rapport au client. Nous ne reviendrons pas ici sur le volume d’applications développées dans ces environnements itinérants. Constatons tout simplement que ces outils ont, à tout le moins symboliquement, relégué au second plan les applications mainframes. Au point de faire oublier au grand public et même à quelque initié, que les grands systèmes centraux existent toujours dans les entreprises. Mieux, ils font partie de la chaîne de production qui permet d’honorer un parcours client de bout en bout que proposent les entreprises, sans rupture et sans heurt dans l’assurance et la banque. Que seraient les grands de ces deux branches sans leurs mainframes remplis de millions de codes ? Pourraient-ils proposer à leurs consommateurs une expérience digne des standards actuels ?

“Plus d’1,15 million de transactions CICS sont exécutées sur system zOS, c’est plus que l ‘ensemble des recherches sur Google, des vues sur YouTube, des mentions J’aime sur Facebook et des tweets sur Twitter réunis »

Longtemps empêcheur de surfer en rond du fait de sa rigidité qui pourtant rime avec richesse de données et sécurité par ces temps de cyber-attaques généralisées,  le mainframe a su progressivement se renouveler et s’ouvrir au monde du digital dont il fait désormais partie. En doutez-vous ? Une transaction initiée sur une application mobile interpelle cet environnement en lui imposant une qualité de service digne de l’heure Internet. Ce à quoi le mainframe répond sans rougir, grâce à ses nouvelles potentialités et à sa robustesse. Tant pis pour ceux qui l’avaient très vite enterré tout au long de ces trois dernières décennies ;  il est encore et toujours-là, au milieu d’un écosystème dynamique.  Demandez à Véronique phénixDufour-THERY, directeur régional chez Compuware,  elle vous contera les merveilles de cette vieille dame qui a gardé toutes ses dents et court même davantage que la jeune technologie Web qu’elle a su intégrer en son sein pour décupler sa puissance. Et même la dépasser : « il est intéressant de rappeler que  plus de 220 milliards de lignes de codes d’applications mainframe sont exécutées actuellement et 5 milliards viennent s’y ajouter chaque année. Plus d’1,15 million de transactions CICS sont exécutées sur system zOS chaque seconde de chaque jour. C’est plus que l’ensemble des recherches sur Google, des vues sur YouTube, des mentions J’aime sur Facebook et des tweets sur Twitter réunis ». Implacable.

Car les nouvelles zOS, c’est effectivement d’elles qu’il s’agit depuis que les concurrents de Big Blue ont jeté leurs armes Cmos notamment, reste une belle machinerie qui sait depuis plusieurs années livrer aux front-end la puissance dont ils ont besoin. Rien d’étonnant si les assurances et les banques conservent, sans grand bruit, leurs mainframes. Mieux, ils y investissent de plus en plus sachant qu’ils n’ont guère réellement le choix.

Alors messieurs les oracles de mauvais augure, le mainframe n’est pas mort et fait figure de phénix qui renaît de ses cendres en se transformant digitalement, pour le bien de ses utilisateurs. Mieux, il a dans sa besace une palette d’outils qui font de lui un acteur du digital de plein exercice. Et ses promoteurs s’en portent plutôt bien. Quand on sait que cette plate-forme s’accommode aisément des développements Java, l’on comprend ses capacités de rebondissements.

Il est lointain le temps où le premier assureur de personnes de France avait lancé un chantier de downsizing pour se raviser quelques années plus tard. Pour l’heure, hors du mainframe probablement peu de salut. Un salut  à un prix, véritable poule aux œufs d’or qui profite avant tout à son géniteur. Suivez mon regard … bleu.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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