Malmené par la crise de la zone euro et les soubresauts des marchés, désaimé soudain par les investisseurs nationaux depuis plusieurs mois, le placement longtemps préféré des Français serait-il en train de reprendre sa revanche ? En tous cas, il aura choisi le mois de février pour présenter quelque frémissement. Signes avant-coureurs d’une régénérescence ou derniers spasmes avant le chant du cygne ?

Comme pour tout être bien aimé à la santé fragile, la famille, entendez celle des investisseurs, scrute chacun de ses gestes de rétablissement. Un frémissement, une respiration et à plus forte raison un sursaut, prennent une signification particulière. L’espoir qui fait vivre. Plus que jamais, l’adage populaire prend alors toute sa pigmentation optimiste. Les investisseurs ont dû vivre une telle situation en découvrant les derniers chiffres en date de la vedette des placements de long terme en France. Abonnée aux performances proches des profondeurs du gaz de schiste, l’assurance vie se réveille soudain au mois de février. Un réveil presque printanier révélé à travers les chiffres de l’Association Française de l’Assurance (AFA). Pendant cette période, le montant des versements en la matière a excédé celui des retraits de 300 millions d’euros. De mémoire d’observateur, il faut remonter à juillet 2011 pour constater un tel résultat. Pour un placement longtemps habitué à tutoyer les cimes en permanence, ce n’est pas rien.

Comment expliquer une telle renaissance avant même de s’interroger sur sa durabilité ? Les retraits ont baissé de plus de 20 % même s’ils restent encore importants ; quant aux versements, ils affichent une chute moins importante que par le passé (- 14 % par rapport à janvier 2012). Du même coup, les oiseaux de bon augure ont entonné le chant de la victoire. Il est loin le requiem annoncé. Rangez l’extrême onction. Dans ce mouvement d’optimisme, Bernard Spitz, président de la FFSA, a plaidé la prudence, estimant qu’il est beaucoup trop tôt pour y voir une tendance. Du bon sens, tant l’incertitude est de mise pour ce placement malmené ces derniers temps par les principaux candidats à la présidentielle, qui y voient une manne pour renflouer nos déficits abyssaux.

Malgré son rétropédalage, François Hollande et son équipe devraient suffisamment ponctionner ces contrats dont les rendements tutoient désormais ceux du Livret A, s’ils arrivaient à l’Elysée. Nicolas Sarkozy n’y va pas du dos de la cuillère non plus. En matière d’épargne, il aura infligé 11,4 points de hausse en cinq ans aux investisseurs. La CSG sur les revenus d’assurance vie devrait enregistrer une hausse de 2 points, à 15,5 %. Toutes ces nouvelles n’encouragent pas les investisseurs et de ce point de vue, il serait trop tôt pour esquisser des pas de danse printanière en vue de fêter une éventuelle renaissance de l’assurance vie. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas non plus une raison pour l’enterrer vivante. Surtout qu’elle contribue encore à financer une partie de notre économie.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Amae Martin
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