Le classement de LinkedIn en matière de marque employeur montre les professions de la banque et de l’assurance peu séduisantes aux yeux des demandeurs d’emplois.  Dans ce domaine, mieux vaut s’appeler Apple voire Google pour attirer plus facilement de nouveaux talents.

Avec l’avènement des réseaux sociaux et autres composants digitaux, la marque employeur devient capitale. Et il semble plus aisé d’identifier les marques qui attirent les meilleurs talents.  La liste des employeurs plébiscités en France et publiée par LinkedIn montre que les mastodontes technologiques s’arrogent les deux premières places, laissant la troisième à un géant de l’agro-alimentaire. Point de professionnel de la finance sur le podium. Comment expliquer une telle situation ? L’attractivité de ces entreprises se justifie certainement à travers leur créativité opérationnelle mais également via leur capacité à proposer aux talents des projets et des trajectoires excitantes. Rien d’étonnant dans ce cas de (sa)voir Apple en tête du peloton tant sa force en matière d’innovation reste exceptionnelle. Mieux, la compagnie a su se donner une image de marque employeur  entretenue par un marketing à la hauteur de l’énergie déployée pour la mise sur les rails d’un iPhone. C’est dire ! En fait, la société se montre irréprochable comme si son rôle de premier  de la classe en innovation technologique lui imposait un devoir d’excellence dans le domaine des ressources humaines. En tout cas,  l’inventeur du Macintosh l’a compris, qui soigne son image et bénéficie en retour de talents forts séduisants.  Idem pour Google dont les projets pourtant uniformisants ne découragent pas les velléités.  Pourtant, à choisir de travailler pour cette entreprise, une banque ou une grande assurance, je voterais probablement pour la seconde option. Pourtant, je dois me rendre à l’évidence : ce n’est pas le cas du commun des mortels. Car ces entreprises n’attirent pas forcément. Du coup, les institutions  financières doivent-elles se contenter des pis-aller ? Il n’en est rien. Je n’ai pas l’impression d’avoir à faire à des experts de deuxième zone quand je m’intéresse à l’assurance et à la banque. Beaucoup de collaborateurs exerçant chez les porteurs de risques affichent régulièrement leur grande satisfaction de travailler dans leur entreprise. Cherchez l’erreur ! Proviendrait-elle du modèle marketing de LinkedIn qui nous imposerait sa vision de la marque employeur ? La question mérite d’être traitée avec sérieux à l’heure où nombre d’entreprises privilégient ce biais pour recruter des talents souvent rares.

En France ces derniers sont de plus en plus inspirés (aspirés) par le modèle américain de management au cœur de ces entreprises les plus prisées sur le terrain, selon LinkedIn. Y fait-il réellement bon vivre ? Leurs modèles ont érigé les Open Spaces en standard. Bonjour la convivialité qu’il faut mixer avec la volonté de vivre avec un minimum d’intimité. Ce n’est pas souvent le cas. Comment s’y épanouir quand on ne peut même pas avoir un espace personnel à soi ? Paraît-il, ce n’est pas la priorité des jeunes actuels. Pourtant, ils déclarent dans plus d’une enquête leur attachement à leur vie privée.

Il n’est pas inintéressant d’observer que la montée en puissance de ces Open spaces rime également avec généralisation de solutions d’écoute et d’accompagnement des talents dans une logique préventive. Les sociétés d’assurance le savent, elles qui proposent de tels packages pour garantir le bien-être au sein des entreprises de leurs clients. Sans pour autant s’équiper forcément elles-mêmes. Est-ce pour cela qu’elles attirent peu les talents comme le prétend LinkedIn ? L’interrogation reste, au stade actuel, plus importante que la réponse

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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