Emmanuel MayegaEn ces périodes de vacances, prenons volontiers le chemin des contrées lointaines et ensoleillées. Se prélasser au soleil peut rimer avec éclosion des idées. Tout comme la misère, la réflexion peut être moins pénible sous de tels cieux radieux. Je sais de quoi je parle. Dans ces conditions, je m’en vais ouvrir le débat sur la possibilité pour les assureurs africains de s’inspirer de Solvabilité 2 afin de mieux maîtriser le risque, à l’instar de leurs alter ego occidentaux, empêtrés dans un projet qui ne cesse de se chercher.

Noble idée, à première vue, qui verrait alors les différents assureurs africains, de Tamanghasset … au Cap de Bonne Espérance, la bien nommée, transposer les règles prudentielles occidentales à leurs organisations. Ils commenceraient par la modélisation de leur business dans le cadre du pilier I, passeraient alors au deuxième avec comme point d’orgue une certaine mise en place de l’Orsa, pour, enfin, finir par un système de reporting réglementaire. Herculéen ?

Sans doute, pour certains dont la taille et les moyens laissent à désirer. Les plus forts, qui s’appellent Allianz, AXA, Colina, Sunu, Saar et autre Amsa, s’en sortiraient sûrement, certains aidés en général par les grands porteurs de risques étrangers auxquels ils sont adossés. Et qui, de toute façon, les obligeraient à s’aligner coûte que coûte sur les normes prudentielles européennes. A contrario, une telle bonne idée pourrait fragiliser davantage les porteurs de risques de taille modeste alors même que l’objectif premier serait de les renforcer à travers une saine gestion de leurs activités. Demandez aux mutuelles de taille modeste européennes ; elles auront beau vociférer au sein d’organismes protecteurs, la pérennité de certaines se pose avec acuité du fait de Solvabilité 2 : foin de moyens nécessaires pour conduire un tel projet ; pire, pas de capitaux propres suffisants pour respecter les exigences de solvabilité, même si cette nouvelle approche des fonds propres basée sur les risques est louable. Dramatique. Fatal même.

Nuance toutefois, au-delà dela Méditerranée, plusieurs Afrique sont à considérer. Le Maghreb, du fait de sa proximité avec l’Union européenne, peut sans grand risque, s’inscrire dans le sillage du cadre prudentiel européen. Au Maroc, par exemple, où les banques sont en passe de converger vers Bâle III, Hassan Boubrik, patron dela Directiondes assurances et de la prévoyance sociale estime qu’il faudrait s’inspirer fortement de cette directive, à tout le moins de ses principes directeurs. Rappelons qu’au Royaume chérifien, le cadre prudentiel en cours est limité au risque de souscription, ceux de marché, de crédit et opérationnel étant assez mal ou pas encore maîtrisés.

Quid des pays subsahariens ? Ici les arguments d’uniformisation des normes prudentielles n’ont rien à voir avec la proximité géographique. Cette dernière est forcément culturelle pour beaucoup de pays. Au-delà de ces affinités, la mondialisation plaide pour une standardisation des règles. Les pays africains devraient jouer le jeu, en tenant compte de leurs réalités économiques. Certes, dans une telle perspective, auront-ils l’opportunité d’éviter les erreurs des précurseurs occidentaux et aller vite là où ceux-ci patinent encore ; toutefois, ils devront peser le pour et le contre. Evaluer le risque, en fait. Tant mieux, c’est leur métier.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Amae Martin
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