Par ces temps de rude concurrence et de pression économique à n’en pas finir, l’innovation serait-elle la clé de succès dans le secteur des services ? En tout cas, le mot est dans tous les discours. Qu’en est-il de la réalité à l’heure des Big data et du Web généralisé ?

Le célèbre cabinet Celent vient de publier une étude relative à la place de l’innovation dans la stratégie des acteurs de la finance. Principal enseignement de cette enquête,  moins de 7 %, 6,4 exactement, des  110 structures interrogées considèrent que l’acte d’innover est loin d’être nécessaire dans leur stratégie.  En revanche, 28,2 % l’estiment critique. Quant aux 65,5 % restants, vous l’aurez devinez, elles regardent l’innovation comme un facteur important. Si l’étude explique ce qu’est l’innovation, il est difficile de savoir comment ces différents acteurs intègrent ce concept dans leur représentation. Mais positionnons le débat ailleurs, en France. Où en est-il sur l’innovation dans l’assurance et plus généralement, la finance ? L’actualité montre différentes initiatives prises par les uns et les autres. Et met en lumière le rapport de ces acteurs à l’acte d’innover.

Au pays qui a inventé la carte à puce électronique et l’Internet du siècle dernier (notre propos n’est pas de moquer le Minitel dont nous avons quelque fois encensé les mérites ici, ndlr), les « financiers » ne sont pas rancuniers. Et ont oublié les lourds investissements consentis sur les outils télétel pour prendre le chemin des services Web. Il faut dire qu’au change, ils gagnent en réactivité, souplesse, ouverture et évolutivité. A eux de nouvelles applications interconnectées et distribuées en un seul point (développement unique, déploiements multiples). En France, banques et assurances sont inscrites dans cette logique. A fond. Sur le marché des progiciels métiers, l’architecture Web et le SOA sont devenus la règle. Chez ITN comme chez Antenia, il s’agit désormais plus que des arguments de vente ; des réalités métiers sur lesquelles capitalisent porteurs de risques et autres courtiers pour se différencier, du fait de la création de valeur, une des caractéristiques de l’innovation. De ce point de vue, disons-le tout de go, les porteurs de risques ont totalement intégré la nécessité d’innover, même si beaucoup reste à faire et que bon nombre de back-offices sont encore sous la dictature du  « cobolat », néologisme qui, pour nous, désigne l’univers du tout puissant langage de développement Cobol.

Sur la rampe de lancement en mode Web, les acteurs du marché s’illustrent également par une meilleure prise en compte des technologies du Web mobile. En cela, ils ont pris pleinement en compte la mutation qui s’opère sous leurs yeux. Le centre de gravité se déplace vers les applications mobiles et les services associés. Chez les porteurs de risques cette innovation prend corps sous des figures technologiques variées : fonction d’accès au compte personnalisé du client et réalisation de différents actes en ligne. Pour autant, il reste beaucoup à faire, notamment dans ces espaces privés d’assurés. Comment interagissent les assureurs et les banques avec leurs clients dans cet environnement ? Très peu d’originalité. Pas encore  de messages contextuels et personnalisés comme l’appliquent Google et quelques sites de grande distribution. Un hypertendu pourrait, par exemple, recevoir des informations de prévention sur sa pathologie et se voir proposer un programme de suivi personnalisé. Sur ce point, les assureurs complémentaires fourmillent d’idées et sont « CAP », comme dirait la génération « Y » à laquelle elle ressemble, pour une fois, par sa sagacité. Elle est pourtant stoppée net dans son élan, ses velléités, comme vous voudrez. L’Assurance maladie ne veut pas en entendre parler, au nom du sacro-saint respect des données médicales qui permettraient d’adopter une telle innovation.

On le voit, les acteurs de la finance se sont pas en retard. Mais leur marge de progression reste considérable. Les moyens existent, reste à définir une stratégie en la matière et à trouver des idées. Car, paraît-il, la clé du succès s’appelle innovation, à l’heure où les équilibres techniques dans l’assurance et la banque restent précaires. Et que la Bourse n’enchante même plus. Elles ne peuvent plus trop s’enrichir en dormant. Mais ont le plein droit de le faire en innovant.

Emmanuel Mayega
Rédacteur eh chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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