Il est arrivé tambour battant sur le marché des comparateurs français d’assurance du particulier. Et repart sur la pointe des pieds. Le géant du marché des moteurs de recherche vient de tirer sa révérence, prouvant ainsi que la France n’est pas le Royaume-Uni. Mais il n’a pas dit son dernier mot.

On nous avait mis en garde tous les comparateurs : vous allez voir ce que vous allez voir … L’arrivée de Google sur le marché de la comparaison de produits d’assurance de masse allait chambouler la donne. Trois mois exactement après avoir pris son envol, le moteur de comparaison de ce nouvel entrant a fait pschitt ! Selon notre confrère, l’Argus, l’explication du comparateur défunt est simple : un choix stratégique consistant à concentrer les investissements de développement sur les pays anglo-saxons ». Depuis quand Google avait-il une approche anglo-saxone des marchés ? Langue de bois ? Assurément. L’explication de notre confrère qui parle davantage d’une « une ergonomie et un parcours client pour le moins compliqué, voire inadapté au marché français » paraît un peu légère. Pour ceux qui sont au fait de la technologie, l’IHM proposée par le moteur de recherche était largement adapté au marché français. Le cas échéant, le modifier serait aisé au vu des moyens et du savoir-faire technologique dont dispose le géant américain. Au pire, il aurait pu recourir à une croissance externe sur le marché français, ne serait-ce que pour bénéficier d’une base installée et d’un outillage conséquent.

Non ! Les raisons sont ailleurs et plutôt économiques. Ce marché n’a jamais décollé réellement. Certes, le positionnement de prescripteur sied de mieux en mieux à ces plates-formes qui sont envahies par les internautes quand il s’agit de comparer. En revanche, pour signer un contrat, les clients potentiels semblent préférer les réseaux traditionnels. Résultats, hormis Assurland, qui revendique l’équilibre après plus de dix ans d’évangélisation,  aucun de ses alter ego ne sort la tête de l’eau, malgré un marketing devenu économiquement fou. Quel retour sur investissement pour des écrans télé aux grandes heures d’écoute ? Demandez à leur concurrent Assurland, il vous donnera ses propres raisons qui le poussent à exclure une telle stratégie pour le moins, ruineuse.

A l’arrivée, Google pouvait-il se permettre d’investir à flot sur ce terrain glissant qui ne lui rapporte rien et le met en porte-à-faux avec certains de ses annonceurs ? Juge et partie, le comparateur défunt a très vite compris les limites d’une telle stratégie pour laquelle il ne devait que laisser des plumes après un envol en fanfare. Ses prédécesseurs n’ont rien vu de déstabilisant, après trois mois de gesticulations.

Pour autant, Google est-il parti pour toujours ou est-il sorti volontairement des écrans radars pour tromper ses ennemis pour le moins nombreux ? Difficile d’y répondre. Une seule réalité, Google a les moyens de régner sur le marché de la comparaison française, s’il le souhaite. Auquel cas, il faudra accepter de perdre de l’argent pendant de nombreuses années, tout en engrangeant des masses de données exploitables dans une logique de Big data. Il paraît que le moteur de recherche s’était essayé sur la scène des comparateurs français pour cette raison également.

 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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