Capharnaüm, désordre, abus. Telle est une partie du flot de maux qui caractérise la gestion des données personnelles. Chacun y va de sa liberté de manipulation, piétinant le caractère privé de cet or noir de l’ère numérique. Le législateur s’apprête à (ré)agir pour remette de l’ordre dans ce charivari. La fin de la récréation ? Le début d’un nouveau monde.

Las ! Impossible d’effectuer un pas numérique sans montrer patte blanche. Savoir combien coûte tel ou tel produit sur un site marchand ? Vous êtes prié de décliner votre identité. Comme si, dans une galerie proche de chez vous, passer de magasin en magasin vous obligerait à sortir votre carte d’identité aussitôt le seuil de la boutique franchi. Le meilleur est que dans ce dernier cas, vos données personnelles  ne sont pas enregistrées. Vous ne risquez rien. Le pire ? Il en va autrement dans l’e-commerce : vos données sont souvent récoltées avec votre tacite mais naïf accord. Pourtant rien ne vous y oblige. Avant même d’avoir consulté quelque produit sur les étagères de votre e-galerie, vos données sont déjà à l’autre bout du monde. Supersonique. Voir chez le concurrent d’à côté. Insidieux. Point commun entre les deux cas ? Votre vie privée déballée à plate couture. Vendue même. Pillée, souvent. En tout cas, vos données saisies ne vous appartiennent plus. Elles vous échappent. Et peuvent vous mettre en danger. Mais voilà, vous et moi, restons le petit doigt sur la couture du pantalon. Sans coup férir. Je le sais. Cet édito refermé, vous repartirez de plus belle, vers une nouvelle livraison gratuite de vos données sur la Toile, faisant ainsi le bonheur de véreux e-commerçants en mal de fichiers à commercialiser, se faisant ici du beurre sur votre (notre) dos.

Cette plaisanterie de mauvais goût devrait se poursuivre allégrement et impunément au moins jusqu’en 2016. Car le législateur européen devrait fixer les règles du jeu l’an prochain, à travers une réglementation régissant l’accès, l’hébergement et la manipulation des données à caractère personnel. Pendant deux ans, les acteurs auront le temps de s’aligner sur la nouvelle donne ou alors subir les foudres du gendarme local, dès entrée en vigueur de la future norme. En France, beaucoup le connaissent déjà. Il a pour nom CNIL. Et enregistre, depuis 2009, un nombre de plaintes et de contrôles toujours croissants.

Dans la banque et l’assurance, secteurs qui manipulent des masses de données personnelles, les exigences et restrictions liées à leur gestion les ont souvent hantés. Pour les seconds, le lancement du Pay As You Drive (assurance au km, ndlr) a été l’occasion d’un flirt pas toujours doucereux avec la CNIL. Maaf saurait vous en conter. Tout comme AXA, Groupama et Swiss Life sur les expérimentations Babuziaux (accès aux données de santé). Pour autant, beaucoup reste à faire. Adapter les sites Web au respect des données personnelles, par exemple, sans oublier les applications, toutes les applications informatiques. Sans être un projet technologique, cette mise en conformité des processus, une nouvelle parmi tant d’autres, va nécessiter la conduite d’un projet à part entière qui démarrera avec une analyse d’impacts. Comme ce fut le cas pour l’an 2000, l’euro et actuellement SEPA. Au fait, à propos de ce dernier, où en êtes-vous ? Encore dans les données, je suppose. En espérant qu’elles soient rapidement « Cnil compliant ».

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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