En quittant la table de négociation sur les conditions de travail avec l’assureur, les agents Generali signifient leur ras-le-bol à une relation désormais « insoutenable », pour reprendre le terme de Bernard Jeannot, président de Triangl’, syndicat du réseau d’agents généraux de la filiale française du géant de Trieste.

Le 26 juin 2012, les agents généraux de Generali France se donnent rendez-vous devant le siège parisien de l’assureur. Objectif : dénoncer leurs conditions de travail fragilisées par la politique de la compagnie. Cette décision de manifester publiquement leur désaveu sur la stratégie de distribution du groupe en France a été prise tant les dissensions sont légion entre les deux parties. « Pendant longtemps, notre partenariat était considéré comme exemplaire sur le marché ; le projet Triangl’ Horizon 2012 était là pour le certifier à travers sa volonté de moderniser l’Agent de Plein Exercice (APE). Aujourd’hui, la donne a changé. La direction de Generali ne nous écoute plus. Pire, elle prend des décisions unilatérales qui bouleversent les accords que nous avons signés, ce qui nous empêche d’exercer notre profession », explique Bernard Jeannot.

L’une des pommes de discorde porte sur le commissionnement des agents généraux. « Pour de prétendues raisons techniques, sur le segment de l’auto du particulier, par exemple, Generali veut ramener notre taux de commission de 16 à 12 % là où la moyenne du marché est de 14,2 %. Une régression que nous ne saurions accepter. Pour aller dans le sens d’une véritable négociation et de l’apaisement, nous avons proposé de ramener la rémunération à 14 % avec possibilité de la croître jusqu’à 17 % en fonction du multi-équipement du client sur les produits cibles souhaités par la compagnie. Notre suggestion a reçu une fin de non recevoir », dénonce le président de Triangl’. En fait, pour ce dernier, « l’assureur est obnubilé par un retour immédiat aux équilibres techniques en sacrifiant la qualité de la relation client sur l’autel de la rentabilité à tout va. Pire, cette stratégie est également appliquée au marché du professionnel, segment d’avenir ».

Pourtant, l’effort d’investissements informatiques récents que supportent les agents généraux contribue, selon Bernard Jeannot, à la compétitivité des activités. Le passage à une architecture sous Citrix donne lieu à une dépense annuelle de 5 M d’euros de la part des agents Triangl’ en vue de sécuriser leurs postes de travail là où Generali s’acquitte d’une location de ce matériel évaluée à 1,8 M d’euros. « A mon sens, notre partenaire a inversé les rôles en nous imposant des charges qui devraient relever de son ressort. A ma connaissance, il revient à l’assureur de sécuriser les outils de travail de son réseau », déclare Bernard Jeannot.

Par ces temps de vaches maigres, la sortie des agents généraux de Generali met en avant les difficultés d’un réseau de distribution fragilisé notamment par de multiples formes de concurrence. A la clé, de nombreuses suppressions de postes parmi les 3 500 collaborateurs Generali, selon Triangl’. Les deux parties gagneraient à reprendre la table de négociation tant les sujets à traiter ont un caractère existentiel pour le syndicat. Au moment où nous mettons sous presse, nous n’avons pas eu le temps matériel de recueillir l’avis de Generali.

Emmanuel Mayega ©CAPA Conseil

Crédit : FreeDigitalPhotos.net

 

Amae Martin
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