Le montant des dédommagements des victimes de la déconvenue du réseau mobile d’Orange ? Dérisoire par rapport aux préjudices supposés et réels. Le manque à gagner est, dans certains cas, tout simplement difficile, voire impossible à combler. Pourtant, il faudra désormais s’habituer, nolens volens, à ce risque émergent de dysfonctionnement causé par un néo-darwinisme à la sauce digitale.

Un petit calcul, et le verdict tombe : le nombre d’éditos que j’ai consacrés à la mobilité arrive en tête de mes réflexions et interpellations depuis le début de l’année. Un « acharnement » qui, pour certains, relèverait de la facilité. Merci Orange, qui vient de voler au secours de votre serviteur, (dé)montrant à quel point la montée en puissance de la technologie nomade, quelque sournoise soit-elle, structure radicalement notre vie. Elle introduit un nouveau paradigme, celui du darwinisme digital marqué par une double évolution soutenue de la société et de la technologie. Avec une obligation : s’adapter ou mourir. Du coup, tout le monde embarque dans le wagon de la mobilité, faute de choix, instinct de survie exige. Les pompiers, les hôpitaux voire certains de nos biens désormais dépendants des réseaux mobiles y sont (in)confortablement installés. Avec les conséquences que cela suppose. Le récent bug de l’opérateur télécom historique français aura paralysé plus d’un pan de notre économie qui, pourtant, a beaucoup gagné en réactivité grâce au GSM. Avantages et inconvénients, tel est le lot de toute innovation. Soit. Le prix à payer pour celle-là est toutefois lourd. Et le sera de plus en plus pour les prochains incidents. Nul ne sait exactement combien Orange va payer pour ce dysfonctionnement. Les porteurs de ce risque lui seront, souhaitons-le, d’un grand soutien. En revanche, sa réputation en prend un sacré coup, malgré sa volonté de dédommager une clientèle encore sous le choc. Pour avoir été sevrée. Trop longtemps sevrée.

Une des morales de cet épisode est l’amplification des incidents jadis considérés comme acceptables. Hier, la machine s’emballait, poussant sur le pont quelques experts. Sans éclats de voix de la part des utilisateurs. Désormais, une minute d’interruption et le monde entier voit rouge. Dans le cas d’Orange, les clients étaient verts, quand ils n’étaient pas tout simplement perdus. Normal, dans ce darwinisme progressif (pardon pour le quasi-pléonasme), le code de (bonne) conduite reste à inventer. Les entreprises et administrations ont tout intérêt à apprendre à gérer les crises provoquées par les prochaines perturbations des réseaux GSM. Car il y en aura de nouvelles, à coup sûr. Aux assureurs de proposer des offres de transfert de ce risque, avec en prime des formations et des équipes de spécialistes prêts à les accompagner. De telles innovations existent déjà, sur le terrain de la protection contre la cybercriminalité, l’autre risque émergent qui n’hésite plus à emprunter le biais de la téléphonie, y compris mobile.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

 

Amae Martin
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