Dépistage et prévention du diabète : la France peut mieux faire, selon l’IgasL’Inspection générale des affaires sociales (Igas) vient de publier les résultats d’un rapport évaluant la prise en charge du diabète en France, selon elle défaillante. Ce travail met en cause les politiques de prévention, les défauts de ciblage du dépistage, l’absence d’adaptation des soins de premier recours à la spécificité des maladies chroniques et les manquements de l’éducation thérapeutique.

En 2010, le diabète est devenu la pathologie comptant le plus grand nombre de personnes atteintes et la première maladie des affections de longue durée (ALD). Elle recense 2,9 millions de malades, dont 92 % présentent un diabète de type 2. Sa prévalence ne cesse de progresser. De 2,6 % en 2000, elle est passée à 3,95 % en 2007 et 4,4 % en 2009. En conséquence, le diabète pèse de plus en plus dans les dépenses de l’Assurance maladie et représente, aujourd’hui, 13 Mds d’euros. Malgré une mobilisation d’une dizaine d’années sur la problématique tant par l’Assurance maladie que par les organismes complémentaires ou encore les associations, concentrée autour du dépistage, de la surveillance et du traitement, le développement de la pathologie n’est pas freiné, selon le rapport de l’Igas.

Le diabète de type 2 a pour caractéristiques le surpoids et l’obésité. Ces déterminants ont fait l’objet de trois plans nationaux de nutrition santé depuis 2010 qui se déclinent depuis 2011 dans les départements d’Outre-mer où les taux de cette pathologie sont les plus élevés. Ces actions ont été renforcées par un plan de lutte contre l’obésité en 2010. Ces différentes opérations ne semblent pas avoir eu l’effet escompté. Ainsi, selon le rapport, « trois éléments incitent à une vigilance accrue : l’accroissement d’un important gradient social dans le développement de l’obésité, l’augmentation de la fréquence des formes les plus graves et une apparition de plus en plus précoce de l’obésité, de génération en génération ».

Les coûts liés au diabète de type 2 pourraient être moins élevés. En effet, sa prévention et son traitement passent par l’observance de mesures hygiéno-diététiques (pratique d’une activité physique et équilibre alimentaire). Les médecins traitants sont donc en première ligne pour prévenir l’apparition des complications, assurer une bonne prise du traitement, éduquer le patient aux règles de nutrition et d’hygiène de vie. S’agissant d’une surveillance sur la durée, les soins de premier recours semblent peu adaptés. L’Igas pointe les dysfonctionnements suivants : isolement et insuffisante formation des médecins, rémunération à l’acte inappropriée pour faire de l’éducation thérapeutique, absence de suivi actif des patients. Des difficultés rencontrées pour toutes les pathologies chroniques, selon l’Igas.

Le rapport estime également que le dépistage auprès des enfants et adolescents n’est pas à la hauteur, notamment celui de l’obésité. Il suffit pour ce faire d’utiliser les courbes d’indice de masse corporelle (IMC) présentes dans les carnets de santé. Le dépistage du diabète de type 1 pour les plus jeunes est également montré du doigt. L’inspection préconise une sensibilisation du grand public et des médecins à la reconnaissance des signes fonctionnels du diabète : soif importante, envie fréquente d’uriner, fatigue, perte de poids, nausées ou vomissements, odeur acétonémique de l’haleine.

En matière de bon exemple, l’Igas cite l’expérimentation Asalee qui « a fait ses preuves ». 110 000 patients sont suivis par ce dispositif dont 8 000 sont diabétiques. Il repose sur la coopération intégrée entre médecins généralistes et infirmiers pratiquant au centre de maisons de santé pluridisciplinaires. Ce dispositif permet une éducation thérapeutique adaptée aux besoins des patients et réalisée par les infirmiers à la demande des médecins. Un système d’information partagé permet le suivi actif du patient. Son coût est de 80 euros par an et par patient. Quant au dispositif Sophia, mis en place depuis 2008 par l’Assurance maladie pour l’accompagnement de patients diabétiques, pour l’Igas les données disponibles à ce jour « ne permettent pas de conclure dans l’immédiat à l’aspect positif de l’expérience ».

L’Igas constate que la France fait figure de plus gros consommateur européen de nouvelles générations d’antidiabétiques oraux. Selon l’inspection, ces médicaments présentent « des problèmes de qualité et de sécurité nécessitant une meilleure surveillance des autorités sanitaires, après leur autorisation de mise sur le marché ». Les remboursements de ces molécules doivent être réfléchis.

En conclusion, l’Igas reconnaît « que les solutions de plus grande maîtrise du développement du diabète ne sont données clés en main et prendront du temps pour se déployer ». Néanmoins, elle préconise de revoir l’organisation des soins de premier recours pour les adapter à une meilleure prise en charge du diabète et de toutes les maladies chroniques.

Florence Pedroni ©CAPA Conseil

 Crédit : FreeDigitalPhotos.net

Amae Martin
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