Si on le savait déjà, une enquête conduite par l’Observatoire citoyen des restes à charge en santé créé en 2013 par 60 millions de consommateurs, le CISS (collectif d’associations de patients) et Santéclair, filiale de différentes complémentaires santé, vient le prouver davantage, chiffres à l’appui : le renoncement aux soins dentaire est, en grande partie, dû au reste à charge (RAC) particulièrement élevé en dentaire.

Chaque jour arrive avec sa cohorte de dénonciation sur les abus en matière de soins dentaires. Outre les dépassements d’honoraires, les remboursements de l’Assurance maladie qui se réduisent comme une peau de chagrin, le reste à charge pour les patients devient de plus en plus lourd. Et pousse parfois certains consommateurs à renoncer aux soins dentaires. Pour aller plus loin et savoir ce qu’il en est exactement, l’étude lancée par l’Observatoire citoyen des restes à charge en santé, le CISS et Santéclair vient prouver que le RAC de plus en plus élevé en est la cause. Selon cette enquête, les principaux soins mis en cause que sont les prothèses (couronnes, bridge, inlay ou reconstitutions), ont pesé 5 milliards d’euros de dépenses, pour un milliard seulement remboursé par l’assurance maladie.

En détail, le RAC par patient, après remboursement, est estimé à plus de 290 euros en moyenne par prothèse. Une somme variable selon les départements : plus de 400 euros à Paris où il ne baisse jamais en dessous de 200 euros. Si le RAC peut être remboursé par les familles de complémentaires, « il est très difficile d’avoir une estimation précise de leur niveau de prise en charge global », indique cet Observatoire. Pour ce dernier, le montant demandé pour une couronne  dépasse 600 euros là où la prise en charge de l’Assurance maladie équivaut à 75,25 euros. Quant au coût moyen de la pose d’un implant, il est supérieur à 2 000 euros. Lourd quand on sait qu’il est très mal remboursé par la Sécurité sociale.

Autre enseignement de cette enquête, certaines solutions moins coûteuses pourraient être utilisées dans certains cas : les inlay-core, par exemple, fabriqués par les prothésistes dentaires qui pourraient être remplacés par la reconstitution “au fauteuil” et fabriqué par le dentiste. Un choix judicieux permettrait de revoir le coût à la baisse pour le patient à concurrence de 90 %. Surtout que tout le monde, syndicats et assurance maladie, reconnaissent que les deux techniques se valent en matière de qualité des soins.

Autre point critique mis à l’index, les soins d’orthodontie. L’an dernier, ils ont représenté plus d’un milliard d’euros, pour près de 80 % constituant des dépassements d’honoraires. Et sont facturés en moyenne 650 euros par trimestre, avec de fortes variations géographiques : près de 1 000 euros en moyenne à Paris contre 400 en Ariège. En la matière, la Sécurité sociale rembourse 193,50 euros par semestre si le traitement débute avant 16 ans.

Seule résultat positif, l’Observatoire constate que les soins courants (carie, dévitalisation, détartrage, etc.), à tarifs encadrés par l’Assurance maladie, font peu l’objet de dépassements, en dehors de Paris qui représente 57 % des dépassements constatés pour ce genre de soins.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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