Certes le Président de la République ne s’est pas (encore ?) prêté au jeu d’un plan national pour l’intelligence artificielle à l’instar de l’IPT (plan informatique pour tous) dont on se souvient, visait à préparer tous les élèves à l’informatisation massive de la société. Tel au grand temps des plans quinquenaux soviétiques, Laurent Fabius, alors Premier ministre, nourrissait un vœu pieux : celui de rendre techno-compatibles nos jeunes qui semblaient ne pas nourrir d’intérêt à la chose informatique. On sait ce qu’est devenu ce plan dont on abordera pas ici les résultats, mais nous observerons en passant qu’en matière de technologies, nous ne sommes pas les derniers de la classe européenne mais non plus les premiers. En la matière, le son de cloche semble toujours venir de l’autre côté de l’Atlantique ou pire, du Rhin voire de la Manche. Et nos plans ou tout ce qu’on voudra semblent ne rien y changer : nous avons perdu respectivement la bataille de la carte à puce et celle des autoroutes de l’information alors que Moreno et le Minitel tenaient pourtant bien le bon bout au départ. La faute à qui ? la question est plus importante que la réponse même si elle jaillit en regardant le terreau de l’innovation : cette culture est importante, et surtout la transformation des pépites que nous avons en de véritables mines d’or !

Au charbon, richesse d’un autre temps qui a connu Geminal et de grandes mines dans le … Nord, mr Macron en a marre de voir tout filer au nez et sous la barbe de la France. Il monte au créneau et annonce des mesures pour faire revenir la France dans la course de l’intelligence artificielle. Des mesures qui s’inspirent du rapport Villanni, et qui ressemblent de peu aux vieux plans soviétiques. En créant un cadre de travail portant sur l’intelligence artificielle, en quoi va-t-on galvaniser les talents et les volontés dont nous avons besoin sans oublier le nerf de la guerre ? Ma question est d’autant plus nécessaire que le tissu économique semble sensibilisé à ce nouvel input (80 % d’entreprises déclarent avoir investi dans l’IA et les autres prévoient de le faire au plus tard en 2020) : le président retient comme domaine prioritaires les secteurs de la santé, de l’environnement, des transports-mobilités et de la défense-sécurité. Pourquoi de telles priorités ? Au vu du rythme d’innovations, c’est tout le monde entier qui est concerné par l’intelligence artificielle. Les inventeurs de chatbots conversationnels dans la finance, n’ont pas attendu des oukases pour créer. Au pire, certains acteurs innovants ont tablé sur les ICO et le crowdfunding pour libérer leur énergie créatrice. Heureusement pour eux.

Entendons-nous bien : nous ne sommes pas en train de dire que la grande réflexion autour de l’IA n’est pas nécessaire. Mais nous soutenons que l’Etat doit certes peser sur le débat pour orienter les choix, mais il doit surtout créer des conditions favorables à la créativité : facilité d’obtention de crédits, incitations fiscales, etc. Le tissu industriel français ingénieux pourra survire et suivre seul, comme un grand Etat qu’il est, le mouvement de l’innovation internationale et y prendre part, à la hauteur de ses ambitions. Le peuple des créateurs a besoin de fonds et non de plans qui ne réussissent pas à notre pays, furent-il en ingénierie cognitive domaine ou la voix, même … artificielle de la France compte, dans le concert des nations.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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