C’est vous qui le dites. A travers les enquêtes d’opinion conduites ici et là, vous n’hésitez plus à vous dévoiler. A mettre à nu vos habitudes de consommation. Face à la crise, vous changez votre mode opératoire. Finis les achats compulsifs ? Pour beaucoup, paraît-il.

Calculette à la main, le consommateur nouveau devient rationnel. Très. Un peut trop même, si l’on en juge d’après les enquêtes qui se succèdent. Il n’est plus cigale. Fourmi, il est devenu ; le revendique ; et entend le rester, si la crise perdure. Finie la fièvre acheteuse. Bienvenue à la mesure. Dans un environnement marqué par la baisse du pouvoir d’achat et l’augmentation des incertitudes face à l’avenir, il vaut mieux économiser, thésauriser même, avouent implicitement d’aucuns, face à des rendements de l’épargne qui ne cessent de fondre comme neige au soleil. De se réduire comme peau de chagrin. Pour ceux qui n’ont pas de moyens d’économiser, prioriser les achats reste la principale stratégie au quotidien. Arbitrer, vous dis-je ! Telle est la planche de salut. Ou plutôt de survie. Une planche savonneuse. Une planche qui glisse, prête, au moindre faux-pas, à plonger les maladroits au fond du précipice. Du gouffre. La cale de notre société, qui ne sait plus produire des richesses pour tous.

Si choisir est au cœur du politique et justifie le fondement de la politique, choisir d’investir sur un pot de yaourt contre une assurance santé complémentaire devient une alternative existentielle pour beaucoup de nos concitoyens. Une situation désormais galopante qui concerne plus d’un. Le gouvernement Ayrault nous annonce une assurance complémentaire pour tous les salariés. C’est déjà ça. Mais alors, cette assurance-là vous permettra-t-elle de vous soigner convenablement ? Pourrez-vous acquérir des lunettes à votre vue quand le reste à charge (RAC) tutoie les cimes de votre epsilon de budget et que le même État qui promet à tous les salariés du privé une complémentaire santé se désengage de plus en plus de la Sécu ? La même interrogation vaut pour le dentaire, risque pour le moins lourd à supporter. Et que dire de ceux qui ne travaillent point ?

A l’étranger, paraît-il, beaucoup nous envient notre système de santé et de protection sociale qui, pourtant, se dégrade à un rythme effroyable. Déliquescence ? Certains parlent depuis longtemps d’un spectre : celui de risque d’une santé à plusieurs vitesses. Eh ben, je vous le dis, il ne s’agit  plus d’un risque. Une réalité violente. Les mesurettes prises ici et la sont, ayons le courage de le dire, des manœuvres dilatoires. A ce rythme, le sort américain nous guette. Si tel est le cas, alors l’affirmation de nouveau « beauf » selon laquelle notre pays c’est l’Amérique avec, au moins, une décennie de retard est fondée. Comme disait un Sage, qui marche sur les traces de quelqu’un ne l’atteindra jamais. Consolons-nous comme nous le pouvons. En attendant, nos mesurettes ressemblent à s’y méprendre à Medicare et Medicaid, deux programmes créés par le président Lyndon Johnson dans le cadre de la guerre contre la pauvreté. Au fait, c’était il y a combien de décennies encore ?

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

 

 


Amae Martin
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