La consultation des comptes bancaires est un des usages les plus répandus chez les possesseurs de smartphone. D’après un sondage récent publié à l’occasion de la sortie de la nouvelle application mobile de la Société Générale, près d’1/4 des français déclarent consulter leur application bancaire en se levant le matin, soit davantage que la météo ou même les réseaux sociaux. Pourtant, l’expérience utilisateur de la plupart des services digitaux des banques pêche encore souvent par une qualité de service (fluidité et valeur d’usage) face aux standards imposés par les géants du web.

Actuellement, un des principaux défauts des services digitaux des banques est leur manque d’ouverture vers l’extérieur : mises à part les tentatives louables d’AXA Banque et de Crédit Agricole avec CAStore, elles fonctionnent en circuit fermé, à contre-courant de l’interopérabilité des services qui fait la force d’Internet.

Par exemple, il n’existe pas de “BNP-Connect” , qui permettrait à un utilisateur de se connecter à un service tiers pour lui transmettre ses informations financières; un service de ce type pourrait créer de nouvelles opportunités, comme la possibilité d’identifier sur un site e-commerce le meilleur moyen de financer un achat.

Outre ce manque d’ouverture, l’utilisateur manque de liberté de choix pour être informé de l’évolution de ses finances. Encore aujourd’hui, peu de banques sont capables de me prévenir autrement que par SMS du dépassement de mon seuil de découvert : l’utilisateur n’a que trop peu souvent le choix du canal via lequel il souhaite être alerté (quid de l’email ? des push notifications ?).

Enfin, l’automatisation est la grande oubliée de la stratégie de services des banques. Ainsi, le seul moyen de faire en sorte qu’une somme d’argent soit transférée de manière régulière est de programmer un virement automatique à date fixe. Et c’est là où le bât blesse : ce service n’est en rien pertinent pour les clients dont les revenus ne sont pas réguliers ou dont l’employeur n’est pas d’une régularité exemplaire pour les versements des salaires.

C’est sur ce point précis qu’une innovation venue de Suède nous montre un aperçu du futur des services bancaires en ligne : quand les banques s’inspirent d’IFTTT (le service qui permet d’automatiser les tâches courantes de tous les services Internet) pour rendre la gestion des comptes automatique et ouverte.

QapitalIFTT

Qapital est une application mobile dédiée à la gestion des comptes, dont le but est d’aider ses utilisateurs à épargner. Ces derniers peuvent se fixer des objectifs financiers (« m’acheter une nouvelle voiture », “solder mon prêt étudiant”, « partir en vacances ») et ainsi réussir à mettre de côté de quoi réaliser leurs projets personnels. Pour son lancement aux US, la société a fait évoluer son modèle. En tirant avantage de la technologie Plaid (qui permet à des applications tierces d’utiliser des données bancaires sur le marché US), Qapital a choisi de s’intégrer totalement à IFTTT pour créer If This Then Save:  épargner ou débloquer de l’argent de manière automatique, quand certaines conditions sont remplies.

Par exemple, je peux connecter mon compte épargne à Nike + pour me récompenser quand mon activité physique est suffisante, ou à Jawbone Up pour m’inciter à dormir au moins 6h par nuit via une récompense pécunière. Si je possède un bouton connecté comme bt.tn, je peux le programmer pour que chaque pression déclenche un virement vers mon épargne. Je peux également m’auto-inciter à être plus productif, en me récompensant quand j’accomplis des tâches sur ma to do list Wunderlist ou Trello. Plus simplement, je peux décider de programmer l’envoi d’un email quand mon compte est à découvert. Simple, efficace, et pourtant impossible avec les outils fournis par la plupart des banques du marché.

Considéré individuellement, chacun de ces usages peut paraître superflu ou gadget, mais c’est la cohérence de l’ensemble qui en fait la force : Qapital permet à ses clients de piloter comme ils l’entendent la gestion de leurs finances, en utilisant les canaux et les outils qui sont les leurs, et se positionne comme une véritable plateforme, ouverte et génératrice de valeur. Une occasion en or de mieux connaitre les clients, et de les fidéliser. Une fois qu’un utilisateur aura investi du temps à établir toutes les règles de gestion de son compte, il pourrait bien être moins tenté de regarder un comparateur pour partir vers la banque la moins chère.

Si nous consultons frénétiquement l’état de nos comptes en nous levant le matin, ne serait-ce pas parce que nous souhaitons être certains que tel ou tel virement est bien passé, que tel mouvement a bien eu lieu comme prévu ? Et si finalement, le rôle des banques était de faire en sorte que leurs clients consultent moins souvent leur application mobile ?

logo-lab-sqliCet article vous est proposé en partenariat avec Le Lab SQLI
Entité de prospective et d’expérimentation composée d’experts de la technologie, de l’innovation et du marketing, le Lab SQLI  explore invente et teste le futur pour ses clients .

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Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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