Révolution dans le monde bancaire Français. La banque digitale, filiale de la Société Générale, a annoncé hier de nouvelles fonctionnalités pour son espace client. Parmi celles-ci, l’aggrégation des comptes externes permet le rappatriement des relevés d’opérations des comptes détenus par d’autres établissements.

Une solution de PFM inédite en France

L’évolution de la solution de Personal Finance Management (PFM) de Boursorama lui permet en premier lieu de rattraper son retard vis-à-vis de la concurrence en proposant la catégorisation automatique des opérations (proposé depuis longtemps par de nombreux établissements).

D’autre part, fait inédit dans le monde bancaire français, il est désormais possible d’agréger les comptes détenus dans les établissements concurrents. L’espace client devient alors un point central pour la consultation de l’ensemble de ses données financières et permet d’établir une situation consolidée de ses finances personnelles.

Or, d’après nos informations, un gentleman agreement, existerait à ce sujet au sein de la FBF . Les établissements s’interdiraient tacitement d’agréger les données des avoirs détenus par la concurrence. De ce point de vue, Boursorama franchirait la ligne jaune faisant, ainsi voler en éclats ce pacte de non-agression.

Un coffre fort électronique à collecte automatisée de données

Autre grande évolution proposée par la banque digitale, il est désormais possible de collecter automatiquement les factures non bancaires émises par plus de 650 partenaires afin de les stocker automatiquement au sein d’un coffre fort électronique.

Plus fort encore, au sein du PFM, ces factures seront automatiquement associées aux mouvements correspondants.

Des services d’alerte plus précis

Les clients peuvent désormais paramétrer plus finement les alertes qu’il souhaitent recevoir par email ou SMS lorsqu’un seuil de dépenses mensuel est dépassé ou qu’une opération spécifique a été effectuée. Le client a ainsi tout loisir de demander en ligne un augmentation de ses plafonds de dépense par carte.

Que fait la concurrence ?

L’agrégation de comptes externes n’a pour le moment été proposée par aucun acteur de la banque française au sein-même de son espace client. Cependant, dès 2012, Fortuneo avait ouvert la voie en proposant « Fortunéo Budget » un outil d’agrégation de comptes multi-banques en partenariat avec la start-up Linxo (voir communiqué).

Du côté de la collecte automatisée de documents, d’autres établissements proposent déjà ce service. En effet, les Caisses d’Epargne avaient annoncé (voir communiqué) leur « coffre-fort numérique » en septembre 2013. D’après nos informations, des synergies sont à attendre dans ce domaine au sein de Groupe BPCE.

En revanche, personne dans le monde bancaire ne s’est pour le moment risqué au rapprochement entre factures et opérations. Cependant, MoneyDoc.fr, service édité par Fiducéo propose un service équivalent.

Un premier pas vers la Banque Augmentée

L’année dernière, l’ESN Français SQLI présentait au salon Finovate Europe le concept « Augmented Banking » (voir communiqué) consistant à agréger autour du compte bancaire l’ensemble des données liées à la consommation du client. L’objectif : donner à ce dernier une vision plus précise de son budget et lui permettre un gestion pro-active de ses finances.
Avec ces évolutions, Boursorama semble bien s’engager dans cette voie.

Cependant, même si Marie Cheval, PDG de Boursorama déclare que l’objectif est de « continuer à simplifier la vie [des] clients, en leur apportant toujours plus de services à valeur ajoutée […] », l’expérience utilisateur de ce nouvel espace client laisse un peu sur sa faim.

D’une part, la vision « PFM » est totalement décorélée de la vision « comptes ». On dispose donc de 2 interfaces pour consulter ses opérations et celle qui est proposée par défaut n’est malheureusement pas celle qui apporte le plus de valeur. Un choix difficile à comprendre du point de vue de l’utilisateur.

Par ailleurs, et comme souvent, chez Boursorama, l’abondance de services nuit à la navigation. On cherche donc beaucoup avant de trouver le service qu’on recherche… et étrangement, aucune indication n’est donnée au client sur la présence de nouveaux services.

On regrettera également que ces évolutions n’incluent pas la mise en œuvre d’indicateurs prédictifs comme peuvent le proposer des établissements innovants tels que le Français Soon ou l’américain Simple.

Enfin, à l’heure de la mobilité, Boursorama semble réduire la voilure en ce qui concerne le développement de ses applications mobiles et privilégie la navigation sur son site web « responsive ». Cette orientation à contre-courant n’offre pas de notre point de vue une ergonomie acceptable depuis un terminal mobile, notamment lorsqu’il s’agit d’analyser ses finances personnelles.

Avec cette nouvelle mouture de son espace client, il est indéniable que Boursorama met un pied dans la Banque Augmentée. La richesse fonctionnelle et le tour de force technologique que représentent ces évolutions sont à saluer tant elles ont vocation à faire bouger les lignes. Néanmoins, pour être la vraie « Banque du Futur », il reste à repenser en profondeur l’expérience utilisateur. On attend la suite avec impatience.

Amae Martin
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