Ubérisation santé

Réalisé auprès de auprès de 465 professionnels de la santé (dont 298 infirmiers/ères et aides-soignant(e)s et 3 013 Français, ce baromètre de la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) montre à quel point les professionnels de santé sont appréciés par les Français. Pourtant, ils sont aujourd’hui insatisfaits de leurs conditions de travail et ne se sentent pas assez reconnus. En identifiant leurs préoccupations des solutions pourront être trouvées pour répondre à leurs attentes et redonner de l’attractivité aux métiers de l’hôpital. 

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Enseignement principal : les Français et les professionnels de santé tiennent plus que tout à leur système de santé mais restent convaincus qu’il va se détériorer. Les Français ont une image exceptionnelle de leurs soignants (plus de 90% de bonnes opinions) qu’ils jugent « humains » et « à l’écoute ». Leur perception depuis toujours très positive, s’est encore nettement renforcée depuis la crise sanitaire. Pour autant, les Français (66%) et plus encore les soignants (93%) sont persuadés que notre système de santé va se dégrader à l’avenir. En réalité, ils sont de plus en plus nombreux à exprimer des difficultés à payer leur reste à charge (51%) ou même à accéder aux soins. Un tiers d’entre eux rencontre aujourd’hui des difficultés pour aller à l’hôpital, soit une multiplication par 3 en 6 ans (ils étaient 10% en 2016) ! Or, les Français comme les professionnels de santé pensent que les politiques n’ont pas bien perçu cette importance capitale de la question de la santé et espèrent qu’Emmanuel Macron fera de la santé et de l’hôpital l’un des domaines prioritaires de son action. 

Certes, les professionnels de santé ont la vocation : ils adorent leur métier bien plus que les autres Français (63% soit le double des autres actifs), envisagent moins qu’eux d’en changer, car ils ont tous le sentiment de faire un travail « utile » (95%) et « intéressant » (93%). Pourtant, la désillusion s’est profondément installée. C’est le manque de reconnaissance et l’insatisfaction dans des domaines bien précis, doublée de difficultés parfois majeures rencontrées au quotidien qui expliquent ce qui suit : les professionnels de santé sont bien moins heureux au travail que les autres actifs. 27% seulement des professionnels de santé estiment que leur travail est reconnu à sa juste valeur (contre 46% des Français en général) et 91% que leurs métiers sont moins reconnus/considérés qu’auparavant. 27% seulement des professionnels de santé estiment que leurs perspectives d’évolution sont motivantes (contre 44% des Français en général). 

68% des actifs hospitaliers ont envisagé de changer de métier au cours des deux dernières années En revanche ils sont moins nombreux à envisager de changer de métier que le reste des Français dans les cinq prochaines années : seuls 17% des professionnels de santé conseilleraient à leurs enfants de devenir aide-soignant, 19% infirmier, 31% agent administratif à l’hôpital et 29% médecin hospitalier 

Quels sont les facteurs d’insatisfaction ? Les professionnels de santé sont finalement moins satisfaits au travail que les autres actifs : seulement 49% sont satisfaits alors que 70% des actifs le sont. L’insatisfaction concerne même 60% des infirmiers et aides-soignants. Et sur les 7 dimensions clés de la satisfaction au travail testées dans les enquêtes de climat social, en moyenne, 54% se disent mécontents, alors que 63% des actifs se disent satisfaits. Les trois-quarts des professionnels de santé (soit le double des autres actifs) sont notamment mécontents de la prise en compte des risques professionnels, qu’ils soient physiques (73% de mécontents) ou psychosociaux (76%). Et, plus globalement, ne pas « avoir un bon équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle » (49% vs 51%) soit 23 points de plus que les autres actifs. Les deux-tiers des professionnels de santé (67% vs 33%) estiment ne pas « avoir suffisamment de temps pour accomplir leur travail », soit une proportion inverse à celle observée dans la moyenne nationale (68% des actifs disposent ce temps. Et une majorité de professionnels de santé (52% vs 48%) assurent que leur travail « leur génère un niveau de stress inacceptable », alors que les deux-tiers des actifs en France (66%) disent l’inverse. Il faut dire que les professionnels de santé subissent bien plus que les autres actifs, insultes, menaces, incivilités et même agressions physiques dans le cadre de leur travail. 55% des infirmiers et aides- soignants ont déjà subi au moins une agression et tous, ou presque, sont confrontés au quotidien aux insultes et aux menaces. Corollaire, 81% des Français et 92% des professionnels de santé pensent que les métiers de la santé sont « plus difficiles que les autres » et surtout qu’ils sont moins attractifs qu’auparavant (81% des Français et 95% des PS le pensent). De fait, une majorité de Français et surtout l’écrasante majorité des professionnels de santé ne conseilleraient pas à leur enfant d’exercer une profession de santé, surtout à l’hôpital. Ainsi plus de 8 professionnels de santé sur 10 ne leur conseilleraient pas de devenir infirmier (80%) ou aide-soignant (82%) à l’hôpital !  Il faut continuer à faire battre le cœur de ce service public essentiel pour nos concitoyens, ouvert 24h/24, 7 jours / 7, 365 jours par an. La communauté hospitalière nous semble être en quête de nouvelles espérances et de reconnaissance. 

L’enquête ne se contente pas de tirer une sonnette d’alarme sur les difficultés, elle montre aussi la voie sur les solutions attendues par les professionnels de santé pour améliorer leur situation quotidienne : le salaire est, évidemment un sujet majeur, mais il est loin d’être le seul et il est finalement moins prioritairement cité par les professionnels de santé (70% vs 80% le mettent dans leur « top-3 ») que par les autres actifs. Les préoccupations réellement singulières des professionnels de santé concernent en fait… « L’équilibre vie professionnelle-vie personnelle » : c’est leur 2e priorité, à seulement 13 points du salaire. Le « sens du travail proposé » qui arrive en 4e position des critères qu’ils citent le plus : 43% le place en 1re, 2e ou 3e position, soit 6 points de plus que les autres actifs. Et enfin « les conditions de travail proposées » (locaux, matériels à disposition, etc.). C’est la 3e priorité la plus citée par les professionnels de santé : 52% la citent dans leur « top-3 », soit 11 points de plus que les autres actifs. 

MÉTHODOLOGIE : L’enquête a été menée du 21 avril au 9 mai 2022 auprès de 465 professionnels de la santé (dont 298 infirmiers/ères et aides-soignant(e)s et 3 013 Français. La représentativité de l’échantillon français est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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