En voilà une histoire qui ferait naître des vocations d’avocats voire de journalistes : des métiers dont le dénominateur commun lest a volonté d’être des justiciers dans ce monde. Je l’ai lue, visionné le témoignage de la jeune femme victime d’un choc septique à l’âge de 19 ans. J’ai refermé mon ordinateur. Mais, pour avoir été malade à l’instar de Laura et avoir connu des blocages inexpliqués d’une partie de l’administration, j’ai trouvé lâche de ne pas réagir, de ne pas avoir de la compassion ! Non, ce serait indigne de moi.

J’ai donc pris mon téléphone et mon courage en bandoulière pour juste faire connaître l’histoire de Laura Nataf à mon lectorat. Pardon Laura, pour cet accès de lâcheté primaire. Au 21ème siècle, l’on ne saurait vivre cela, en France, où nous nous targuons d’avoir le meilleur système de santé du monde, système dans lequel, dois-je le rappeler, est intégré l’assurance maladie.

Peu importe les luttes d’influences ou les lobbies desquels je me désolidarise immédiatement, car l’épicentre du problème reste Laura Nataf. Je dois le préciser, que je ne connais pas et ne connaîtrai peut-être pas de ma vie. Mais, y en a marre, de ces injustices qui se multiplient dans notre pays. Sommes-nous des munichois ? J’ai bien peur que nous le devenions !

Avant tout, les faits : victime d’un choc septique à l’âge de 19 ans, Laura Nataf passe un mois dans le coma. Lorsqu’elle se réveille, elle est amputée des 4 membres. Dix ans plus tard, grâce à l’audace et à l’habileté du Professeur français Laurent LANTIERI et du Professeur américain Scott LEVIN, elle est à nouveau capable de se passer seule du vernis à ongles. La greffe de ses deux avant-bras et de ses deux mains, réalisée en 2016, est en effet couronnée de succès. Happy end ? Que Nenni, nous ne sommes pas à Hollywood, assurément. Sinon, le combat de Laura aurait dû s’arrêter là. La jeune femme aurait dû se concentrer uniquement sur sa rééducation et sa nouvelle vie.

Mais non, elle a pourtant dû se lancer dans une nouvelle bataille, avec l’aide de son Avocate, Maître Valérie SELLAM BENISTY, sachant que l’Hôpital PENN MEDICINE de Philadelphie, où elle a été opérée les 22 et 26 août 2016, lui réclame en effet plus de 700 000 dollars pour les soins dispensés.

Or,  «  la CPAM de Paris a refusé de payer, de façon totalement arbitraire, la prise en charge de cette double greffe à l’étranger, nonobstant une procédure judiciaire du 12 juillet dernier, plus de 4 ans après les faits, au terme de laquelle le Tribunal Judiciaire de Paris a annulé refus de prise en charge de soins à l’étranger et a condamné la CPAM à verser à Laura 671 671,00 € au titre d’une partie de ses soins” s’insurge l’avocate. Et de déplorer :« une décision contestée par l’organisme social, qui ne paie pas et fait appel le 17 août.  À compter de cette date, l’Assurance Maladie va chercher à gagner du temps et à laisser traîner ce dossier… Elle ne rédige pas de conclusions, ne communique pas ses pièces. ». Aujourd’hui, l’Assurance Maladie semble se protéger derrière son pouvoir discrétionnaire d’accorder ou de refuser une prise en charge de soins à l’étranger sans craindre une discrimination évidente entre le sort des différents malades observant qu’en l’espèce, elle oublie que le refus opposé à Laura NATAF ne s’appuie sur aucun avis médical du Médecin de la Sécurité Sociale qui constitue l’élément fondamental d’une prise de position.

En effet, « dans des cas exceptionnels prévus par le législateur, c’est l’avis écrit et motivé de ce professionnel de santé qui doit être communiqué à l’assuré social qui détermine la position de l’organisme. Comment donc Laura NATAF aurait pu se contenter de la seule mention “d’un avis défavorable” du Médecin-Conseil alors même que cet avis consultatif n’a jamais été produit aux débats ! », précise l’avocate.

Face à ces manœuvres dilatoires, Maître Valérie SELLAM BENISTY (photo avec sa cliente) a donc formé un appel incident émaillé de 69 pièces dont de nouveaux moyens de preuve réunis pour la 1ère fois en cause d’appel qu’elle réserve pour ses plaidoiries. La nouvelle audience, ouverte au public, se tiendra en effet le 23 juin à 13h30 devant le Pôle 6 – 13ème chambre de la Cour d’Appel de Paris. Allons soutenir Laura Nataf. Au moins pour qu’elle reprenne une vie normale, sans angoisse.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

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