Après Bernard Arnault, qui s’est découvert la fibre belge sur le tard, les retraités n’auraient-ils pas de légitimes raisons de s’expatrier ? Les conclusions de la Cour des comptes visant à durcir leur fiscalité pourraient donner des idées à plus d’un parmi eux.

Malgré sa taille modeste et certains de ses paysages qui ont tout à envier à un paradis terrestre, la Belgique pourrait bientôt faire face à un afflux de retraités français inquiétés par les propositions de la Cour des comptes. Les récents travaux de cette honorable dame préconisent de revoir à la baisse les faveurs fiscales dont bénéficie cette population. Le rabot s’impose pour ces riches qui jouissent de niches fiscales et sociales à hauteur de 12 Mds d’euros. Un manque à gagner engrangé sous la forme d’avantages multiples : abattement de 10 % sur l’impôt sur le revenu, exonération de majorations pour enfants, sans oublier les juteux plus offerts par l’administration fiscale locale. Trop c’est trop, semble dire la Cour des comptes. Goutte d’eau qui fait déborder le vase, la refonte de certains régimes spéciaux, au lieu de générer des économies pour le système, revient chère à leurs organismes. La SNCF est dans ce cas, tout comme la RATP. Car au nom de l’apaisement social, il a fallu prévoir des mesures d’accompagnement des salariés de ces groupes admis à faire valoir leurs droits à la retraite. Résultats des coûts, une population qui coûte cher à la communauté, selon la Cour. Chiffres à l’appui, elle s’emploie à argumenter sa position.

Étrange sort est celui de nos aînés retraités. Certains ont dû quitter tôt leur emploi pour cause de retraite anticipée ; d’autres, qui sont allés au bout de leur mission, sont souvent qualifiés de nantis. Tous doivent pourtant faire face à une situation économique incertaine, comme chaque citoyen. Bref, ils ont beau être retraités, ils n’en restent pas moins consommateurs. Bien au contraire, ils le sont, de plein exercice tant ils ont le temps pour. Du coup, ils sont souvent l’objet de toutes les attaques. Y compris ceux qui, parmi eux, peinent à boucler les fins de mois. Que reste-t-il à ces derniers après de bons et loyaux services selon l’expression consacrée ? Sûrement pas la Belgique. Le Thalys ? Trop cher ! Le carburant ? Inabordable malgré les 0,60 euro cts de réduction passagère par litre accordés par Bercy. Mais les autres, les plus nantis, pourront exploiter le filon du Plat pays, à l’instar d’une grande fortune soucieuse de gagner plus et « raquer » moins. Sans blague belge. Habiter plusieurs mois la Belgique pour payer moins d’impôts pourrait du coup devenir tendance. Sale crise qui transforme notre familier voisin en paradis fiscal ! Fallait trouver des vertus à cette situation.

Amis Belges, nous en appelons à votre loyauté car après la Libre prestation de service (LPS) bien connue des assureurs, voilà venue la Libre installation des contribuables (LIC). Ses bénéficiaires pourraient en prime profiter d’une fiscalité sur l’assurance vie moins pénalisante qu’en France où le placement longtemps préféré des Français est sérieusement malmené comme va l’être une partie des retraités.

Au nom de la justice fiscale, les retraités vont certainement renoncer à quelque avantage. Cet effort doit, toutefois, être modulé en fonction de la situation de chacun car cette population présente plusieurs couches sociales. Certains ont les moyens de s’offrir une retraite dorée à Bruges quand d’autres peinent à se payer un contrat d’assurance santé dont le tarif ne cesse de flamber du fait de l’inflation fiscale, notamment.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

 

Amae Martin
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