Elle arrive sur le marché, cette montre d’Apple tant attendue. Elle ne fera pas que vous donner l’heure ; mais vous plongera dans un monde de services que notre équipe s’est évertuée à vous présenter tout au long de cette semaine. S’il est tôt pour la juger, posons-nous quelques questions de bons sens.

Jamais objet connecté n’aura été mondialement tant attendu. Force marketing et attraction des produits Apple obligent. Nous ne pouvons que lui souhaiter la bienvenue, à notre tour. Comment faire autrement quand cette innovation intéresse notre cible naturelle, en l’occurrence, l’assurance et la banque ? Si vous nous avez suivis ces jours derniers, vous aurez découvert ses premières applications que proposent les acteurs de ce secteur. Prompts à critiquer la léthargie de ces deux professions en matière d’innovation digitale, saluons des deux mains leur réactivité. Chapeau bas, messieurs les artistes ! Sur la forme comme sur le fond.

Aux consommateurs désormais de réagir. Vont-ils réserver à cette montre d’un genre particulier le même accueil accordé à l’iPhone 1 et sa descendance ? Sera-t-elle utilisée comme montre ou comme nouvel objet de snobisme ? Les deux finalités pouvant se compléter, faisant une nouvelle fois de l’utile et de l’agréable un couple séduisant. Les utilisateurs pourront ainsi se … montrer, sans jeu de mot,  et accéder à des services à valeur ajoutée bancaires et assurantiels. A un prix loin d’être abordable pour le commun des assurés et des clients bancaires.

Une fois au poignet après un investissement conséquent, en combien de temps l’utilisateur pourra-t-il la garder sans passer à l’Apple Watch 2 et aux versions futures ? En d’autres termes, l’obsolescence programmée, maître-mot de la firme à la pomme et de ses concurrents sera-t-elle appliquée à cet objet connecté ? Logiquement, les acteurs de ce monde se livrant une concurrence sans merci, il est très probable qu’une nouvelle version de cette montre arrive sur le terrain très rapidement. Certes, sa mouture ascendante vous ouvrira encore la porte d’un certain nombre de services. Mais vous vous priverez de quelque fonction nouvelle, ce que vous n’avez pas connu avec votre montre classique. Frustrant, non ? En fait, là où vous aviez l’habitude de vous offrir une montre au bout de plusieurs années, vous devrez désormais vous habituer à en acheter une régulièrement, alimentant au passage le chiffre d’affaires du fournisseur. Et être à l’heure d’Apple. Une heure coûteuse donc. Un « waouh » ruineux. Mais c’est bien connu, quand on aime, on ne compte pas. Pas même les heures d’une horloge qui, certes, pourra vous aider, entre autres services, à contrôler votre bien-être, par exemple.

En faisant irruption sur le marché, ce nouvel objet connecté  fera indubitablement naître de nouveaux usages dans son sillage. Il faudra apprendre à vivre avec. Sur la route où le mobile est honni du fait de sa capacité à déconcentrer le conducteur, quel sera l’impact de ce cadran connecté sur son détenteur en pleine conduite ? Les forces de l’ordre pourront-elles réprimander tout porteur de cette horloge ? Autant de questions auxquelles il faudra répondre rapidement. Car rien ne dit qu’en jetant un coup d’oeil sur sa montre connectée, le conducteur se limitera uniquement à lire l’heure sur une technologie proposant un bouquet de services multiples.

Très vite, les retours d’expérience nous fixeront sur la palette d’interrogations que le consommateur est en droit de se poser. Gageons que cette montre sera davantage qu’un gadget luxueux et, de ce point de vue, viendra trouver sa place dans le cercle très fermé des appareils d’Apple. Elle ferait alors mieux que les Google Glass, qui n’ont pas (encore ?) su s’imposer sur le marché comme objet utile. Mais comme le reconnaissait  récemment encore Jean-Marc Pailhol, directeur de l’Unité Distribution d’Allianz France, se lancer dans le digital c’est également tester, donc accepter de commettre parfois des erreurs. Vérité d’évangile de plus en plus partagée par la profession.

Une question s’impose, toutefois, à tous ? Pourquoi le consommateur devrait-il contribuer financièrement à ces tests ? Car tout compte fait, l’ardoise finit toujours par lui être présentée. Sous une forme ou sous une autre. Qui a dit que le client était roi ? Justement, ceux qui lui font payer leurs erreurs éventuelles.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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