La nouvelle loi sur le droit de la consommation arrive, avec une ribambelle de nouveautés. Son maître-mot : protection du consommateur. Pas si sûr que ce dernier en profite toujours.

La loi sur la consommation dite Hamon, du nom du ministre éponyme qui la porte, vient d’être adoptée à l’Assemblée nationale. Elle devra passer devant le Conseil Constitutionnel, pour validation. En attendant une éventuelle modération apportée par les neuf Sages, son économie générale est désormais ficelée autour d’une noble considération : le consommateur doit être protégé. A l’heure où les risques et abus se multiplient contre le client (vente de produits d’assurance complexe sans conseil, obsolescence programmée des technologies, soupçon de manque de concurrence sur le terrain de l’assurance emprunteur, etc.), il fallait certainement  faire quelque chose. Réagir.
En fait de réaction, Benoît Hamon a frappé fort. La loi votée devrait arriver sur le terrain avec son lot de nouveautés. Si les Class Actions à la française sont largement attendues, du côté de l’assurance, tout particulièrement, des changements importants sont à prendre en compte. Après une année de garantie, l’assuré pourra faire jouer la concurrence sur le marché de l’assurance individuelle. Comme à l’accoutumée, une telle nouveauté réjouit certains et désole d’autres. Avant même son passage au Conseil constitutionnel, les comparateurs ont applaudi. Pour ces plates-formes, qui ont gagné leurs lettres de noblesse sur le marché français en tant que prescriptrices en matière d’assurance et largement moins comme pourvoyeuses d’affaires fermes, il s’agit d’une véritable aubaine. Car en ayant la possibilité de dénoncer son contrat plus facilement, l’assuré a plus de chance de faire jouer la concurrence. Et donc de passer par la case comparaison. Du trafic plus important donc en perspective. Avec pour corollaire des affaires supplémentaires en vue. Pourquoi pas ? Mais encore faudra-t-il communiquer et donc investir pour sensibiliser les clients sur cette opportunité. Le réflexe de la tacite reconduction étant toujours là, il sera difficile d’effacer une habitude acquise depuis de longues années. Et il faudra compter sur les assureurs pour surtout ne pas en parler. Mais multiplier des actions de fidélisation. C’est de bonne guerre.

En revanche, là où ils auront du mal à faire bouger les lignes c’est sur le terrain de l’assurance emprunteur. Certes, la loi Hamon met en place des conditions pour une concurrence plus que parfaite. Passée la première année, le client aura la possibilité de changer d’assurance emprunteur. Mais encore faudra-t-il qu’il soit réellement au courant de cette possibilité. Les enquêtes réalisées montrent que les banques se taillent toujours la part du lion en la matière, malgré un marché où la loi Lagarde pose de nouvelles règles du jeu. Et où les assureurs consentent des efforts d’innovation produits.

Face à ces rigidités, nous sommes en droit de nous interroger sur les vrais bénéficiaires de ces changements annoncés. S’agit-il réellement des consommateurs ? Ce n’est pas gagné. Même si c’est dit. Au-delà de ce constat, rien n’est perdu : Benoît Hamon devra batailler ferme en matière de communication institutionnelle comme il l’a fait, pour introduire ses nouvelles règles dans la Société. Ca également, ce n’est pas gagné.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

Twitter LinkedIn Google+


Newsletter

Vous n'avez pas le temps suivre l'actualité ? Découvrez nos newsletters gratuites, quotidiennes ou hebdomadaires.

Inscription Newsletter


Le Mensuel

Chaque mois, un regard éclairé et sans concession sur l'actualité de l'Assurance, de la Banque et des Services Financiers.

Découvrir le magazine