Nous avons payé au plus fort les dérives de l’économie américaine en termes de crédit à travers la dernière crise des subprimes. Si vous croyiez en avoir fini avec ce risque de crédit exposé à des débiteurs insolvables, sachez que l’aléa est passé de l’immobilier à l’auto et au prêt étudiant outre-Atlantique.

On prend presque les mêmes et on recommence. L’Amérique, notre grande Amérique, qui ne fait jamais que dans la démesure, s’est remise à prêter à tour de bras à des débiteurs pas toujours solvables. Elle s’est pourtant mordu les doigts, retenu le souffle, quand elle s’est retrouvée le bec dans l’eau, face à des débiteurs immobiliers insolvables à qui elle avait fourgué des crédits sans scrupule. On sait ce que cela a donné. Quelques années après, les mêmes opérateurs économiques inondent les consommateurs américains de crédit automobiles. Beaucoup n’arrivent pas toujours à payer. L’avantage ici est qu’à l’heure des voitures intelligentes, l’objet du crédit peut être bloqué à distance. Une sorte d’huissier virtuel qui peut à tout moment intervenir en cas de non-respect des engagements du client sommé plusieurs fois de s’exécuter. Selon les chiffres communément acceptés, 20 % des crédits automobiles sur le marché présentent un risque de subprime. Dans un monde interconnecté désormais, le risque de contagion ne saurait être concentré aux USA.

Le phénomène est d’autant plus inquiétant qu’un autre domaine est exposé au même risque :  celui des prêts étudiants. Il est connu sous le phénomène de la bulle de la dette étudiante. L’an dernier, la Réserve fédérale New-yorkaise parlait de 1 160Mds $ à fin décembre 2014. Cela représentait un encours supérieur à la somme de la dette totale des cartes de crédit américaines. Les 40 millions d’Américains ayant souscrit un tel contrats devront être rejoints par un cortège toujours plus conséquent sachant que les études coûtent de plus en plus cher. Du coup, cette cible peine à souscrire d’autres prêts aussitôt sur le terrain. Et prend de plus en plus de temps pour respecter ses engagements.

Comme pendant les deux guerres du Golfe, l’Amérique continuera de rouler dans de grosses voitures luxueuses en s’acquittant d’une essence à moindre coût. En fait, elle vivra souvent sur du crédit, un crédit mal maîtrisé qui pourrait encore fragiliser le monde entier. Et exploser à sa face. En toussant, cette Amérique-là nous enrhumera, mettant à mal nos économies du Vieux continent.

Clairement, ce qui se joue actuellement sur le terrain des prêts auto et étudiant peut également ébranler une nouvelle fois de plus nos économies. Le semblant de reprise observé peu ou prou ici et là s’évanouirait alors, sans aucune forme de procès. Seule solution, la vigilance de nos banques. Elles nous le doivent à tout le moins, sachant que cette Amérique-là n’a pas hésité à frapper de lourdes amendes nos grands opérateurs financiers.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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